Il y a un an jour pour jour, je terminais ce que j'appele maintenant mes "trente et une".
31 pochades peintes, et 31 écrites.
Que vous pouvez voir et lire sur le blog Un Mois En Automne, dont vous trouverez le lien à droite. Et dont il est fait mention dans "Trois fils et un ange" de Christian Tétreault.
Pour fêter çà un brin, je m'en suis fait une autre aujourd'hui.
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Comme une veine à fleur de peau sur le corps d'un vieillard, le canal dessine son chemin à travers les champs du Suroît. Si ses eaux dorment maintenant et ne sont froissées que par les grand vents d'automne, il se lève toujours en sa mémoire des jours occupés et fébriles, ou voiliers et vapeurs lui étaient confiés dans leur voyage entre les deux grands lacs.
Des jours comme celui de novembre d'il y a presque cent ans, ou Cécilia n'arriva jamais...
Le suroît était en colère depuis le matin, comme s'il refusait la venue de l'hiver. Tout au long du canal les saules balayaient les pierres de leurs branches souples comme les bras-pendules d'une armée de morts-vivant.
Plusieurs navires étaient déjà passés, et le jour achevait, quand tout passa de colère à furie.
Plus bas, approchant de la grande ile, Cécilia luttait contre les bourrasques, lorsqu'elle reçut à babord toute la hargne du vent. Montant sur une lame, elle fut jetée sur le roc des haut-fonds malgré les dents serrées du capitaine.
Et dans le court moment de silence qui suivit, comme si la tempête réalisait son erreur, quelques notes du piano s'égrenèrent encore venant du salon des passagers...
Puis ce fut le chaos. Craquements et détonations, cris et explosions et sifflements de vapeur.
Et la nuit noire pour tout envelopper, et avaler l'espoir.
Il fallut si peu de temps à Cécilia pour sombrer que ceux qui survécurent ne furent jamais certains de ce qui s'était passé. Certains parlèrent des gobelins et démons de la veille, dirent qu'il leur avait semblé les voir rire accrochés à la proue.
D'autres qui retournèrent plus tard à la grande ile , crurent entendre mainte fois sur le vent un air de piano triste.
Et au début du St-François, à la dernière écluse, une jeune femme vint longtemps s'asseoir sur le vieux mur en novembre, le soir, et chanter douloureusement un air qu'aucun piano n'accompagnait plus...
Le vieux canal dort maintenant. Plus personne n'y passe, n'y chante ou n'y pleure.
Mais qui sait quels rêves nagent au fond.
7x9 Le Vieux Canal, Fin de Jour.
8 commentaires:
quel beau tableau bien brossé
Aaahhhh... Les pochades...
Bon anniversaire!
Quel bel hommage.
Aux trente et une, et aussi à Cécilia...
AAHHHhhh...comme c'est beau...je lirais toute la nuit...finesse, profondeur...en fait on ne lit pas l'histoire, on la vit.
Merci.
S'il est possible de "bider" pour ce tableau, alors je prends le "bid" numéro 1.
Bon anniversaire. Quel merveilleux cadeau vous vous êtes offert.
R.
Un délice!
Jean-Louis,
Tu sais ce que je pense des 31 pochades. J'y reviens même m'y resourcer, réénergiser.
Je crois fondamentalement a l'ouevre dans son ensemble. Ta dualité, ton talent fou, ton 'unicité' y est si bien exprimé.
Ce dernier qui fête le premier anniversaire est en lui seul un bel hommage aux trente-et-un.
Jean-Louis, j'admire ton oeuvre, j'apprend à te connaitre et c'est une expérience marquante.
Louis
R.-il n'est pas à vendre malheureusement!
Louis; merci encore une fois.....
Ils sont maintenant trente-deux!...
Indeed....mon cher Watson..Indeed
32...
Trente-deux espace-temps qui de leur force individuelle et accompagnées de leur jumelle pochade forme un ensemble riche d'histoire, d'émotion et de vécu.
Un ensemble que seul un livre leur permettra d'atteindre l'ultime complémentarité.
Puis-je un jour vivre ce moment
Louis
Amen to that !
Je seconde ce que monsieur Louis a dit plus haut.!
Quelle merveilleuse évasion que de se retrouver non devant mais dedans ces pochades.
Dedans parce que chaque histoire, chaque récit nous aspire, nous fascine, nous fait vibrer par l'émotion, la passion qu'elles dégagent.
Merci Jean-Louis, et je sais que ce jour viendra où nous le vivrons tous avec toi, TON moment.
Renata
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