jeudi 16 février 2012

IMPRESSION

4x6- Impression Corail


(Je suis paresseux aujourd'hui! Je vous remets un texte que j'avais écris pour un post sur mon blog AQUADELIC. Il va si bien avec la pochade...)


Je ne me rappele plus... Il y avait la tempête, bien sûr, mais elle ne m'avait pas semblée si violente au début. Peut-être un peu plus sombre au loin, comme quand çà s'installe pour longtemps. Mais j'en avais connu des comme çà avant.


Puis quelque chose de nouveau. Une grande lame froide qui a déferlée si soudainement...Comme la trahison d'un ami...

Je ne sais plus comment çà s'est passé, mais je sais que je me suis retrouvé en-dessous, le souffle coupé, abasourdi, assomé, et que lentement j'ai coulé.

Mais il n'y a pas eu de douleur. Mon corps ne souffre pas. Mon âme, elle, a mal, mais d'un mal sourd comme quand la douleur est trop fraîche, trop subite, et que la surprise la gèle en un engourdissement protecteur.

Je distingue bientôt le fond des abysses bleues enveloppées de silence.

Entre les falaises et les plateaux, les pinnacles d'anciens coraux et les crevasses sombres d'où montent les chants irrésistibles de sirènes mortelles et le bruissement velouté des nageoires de squales, serpentent vers plus profond encore des rivières de sable, au rythme de temps insouciants.

Dans le Grand Bleu, le décompte se fait autrement.

Il suit les spirales des coquillages, les vortex que sèment les grandes raies, il est ici à la fois l'intention et la conséquence, le désir et le soupir...

Je coule encore, tout doucement, et vole tout près des grands jardins en pente, où germent et poussent les rêves des hommes, arrosés des pleurs de leurs ancêtres qui n'ont su les récolter.

Et je comprend que certains naufrages se font avant même de quitter le port. Comme quand on prend un navire qui ne nous appele pas. Comme quand on rêve le rêve d'un autre. Comme quand seul sur son voilier on réalise qu'on a pas choisi la bonne traversée.

Et finalement j'y suis. Tout au fond. Un autre monde, dans un autre monde.

L'océan est une poupée russe...

Rien n'a un nom, et je perds le mien. Naufrage d'identité... Et la douleur disparait aussi.

Quand la mémoire se tait, quand elle cesse de revendiquer ses droits acquis, quand on devient le naufragé de soi-même et qu'on cesse de s'abreuver de ses propres larmes, on peut renaitre.

Et je nage dans une soupe primale, nouvel embryon...

Des ions et des galaxies...Je ne sais pas encore qui je suis, ni même si je ne suis pas que le rêve de tous ces êtres difformes et colorés. Qui de nous voit l'autre?

Qui est l'oeuf de qui?

Enfants du bleu

Au sein de la mer



Je comprend maintenant qu'ici rien ne meure. Que les grands vaisseaux de jadis dorment sous ce monde sans nom, qu'ils le sont devenus, que pour eux aussi le naufrage ne fut que l'abandon d'une carcasse devenue inhabitable par une âme agrandie...

L'horizon recule, s'éclaircit. J'ai la vision d'une plage en haut, au nouveau monde.

Et je m'endors, comptant les anges qui jouent à saute-mouton.

Et dans mes rêves, apparait le Guide ancien, celui qui vient quand on a plus de question. Celui qui répond quand on sait.

Nous montons lentement. Je n'ai pas de regrets, ni hâte ni mélancolie. Je sais que je croirai que tout ceci n'a été qu'un songe. Je sais que je croirai m'éveiller, alors que c'est maintenant que je vis. Mais je sais aussi que la mémoire s'habille comme elle l'entend. Que le vol du papillon est le souvenir de la chenille.

Que tout naufrage est une naissance.




Peace

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Magnifiques!

Germ

Renata a dit...

Shhh.... c'est tellement beau, personnel, touchant, un texte d'une profondeur (sans vouloir faire de jeu de mots)et d'une grande sensibilité, que je me sens comme dans un refuge, un lieu sacré, là où le silence est d'or.
Merci pour ce partage.

Anonyme a dit...

$100 Joelle

Les Océanes du Désert a dit...

125
Lucie

Jean-Louis Courteau a dit...

Lucie; j'ai bin peur que tu es trop tard...!

Jean-Louis Courteau a dit...

Adjugé à Joële!
Merci! xxx