UN PEU PLUS À L'OUEST!

4x6-Un peu plus à l'ouest

Jouer dans l’eau



Il m’arrive souvent de rester de longues minutes en suspension, sans bouger, devant un paysage sous-marin. Et souvent aussi, je ferme les yeux.
Je savoure.

Il me semble que je sens l’eau me porter, me bercer, me soutenir. Il me semble même l’entendre murmurer des choses. Pas dans mes oreilles, aussi sourdes sous l’eau qu’au-dessus sans doute, mais par le ventre.

Quelque fois, j’écris. Ou je dessine. Plus souvent qu’autrement; je ne fais rien.
Mais je me sens vivre d’une façon que je n’ai connue que là, sous l’eau, dans l’eau.

Bien sûr, j’ai une fascination pour les profondeurs. Surtout dans le bleu. Je connais cet appel des sirènes quand on atteint une certaine distance sous la surface, mesurable en tons d’indigo. Quand il semble que le bleu ne soit plus seulement une couleur, mais qu’on puisse le sentir nous caresser et qu’il ait la texture d’un velours mouillé, qu’il ait tout-à-coup un goût.

Je sais ma faiblesse alors. The taste of letting go...

Donc, j’essaie de ne pas y aller trop souvent. Et je remonte aux étages des vivants, et je m’enivre de l’extravagance de la vie, j’assiste en souriant aux petits quotidiens de tout ce monde affairé autour des gratte-ciels de corail, dans le ventre de métal des rebus des hommes, autour des prés blancs des clairières sablonneuses.

Et je prends des photos! Quelquefois frénétiquement, jusqu’à vite ne plus me rappeler de vivre, tellement la crainte d’oublier est vive, tellement la douleur de l’absence est plus tard cruelle.

La musique des fonds est variée. Les adagios de vie, les symphonies mineures et graves des abysses, le rock des grands courants, le reggae des ressacs répétés...Je les aime tous, et leurs airs ne me quittent plus.

La plongée est une poupée russe.

Plonger dans l’océan, pour plonger en soi, pour plonger en silence dans les bras de la Mère...
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peace