dimanche 22 avril 2012

MUTINERIE

4x6- Electronic Mutiny


'' Je me réveille...
Ça devrait être plutôt anodin comme réalisation, mais après un sommeil de deux cent ans, ça prend une autre dimension!
Je n'essaie pas de bouger. J'en serais incapable pour le moment de toute façon. Le système va stimuler mon corps petit à petit, rétablir la mémoire de mes muscles, entretenus durant mon sommeil artificiel de toutes ces années par impulsions électriques, mouvements provoqués, somnanbulisme induit...
Le vaisseau approche de Negrostella 357.
J'entend une série de cliquetis. Le grand panneau va s'ouvrir, programmé pour m'offrir le spectacle des environs à mon réveil.
Des séries de petites décharges entrecoupées de chatouillements me parcourent les bras. Certaines presque douloureuses. Ça ne devrait pas être douloureux...
Mais bon! Personne ne devrait pouvoir dormir pendant deux siècles non plus!

Ça y'est, le panneau remonte devant moi. Comme quelqu'un qui tire les rideaux le matin et vous souhaite bonne journée!

Une forte décharge me parcoure le dos jusque dans le cou, et ce que je vois dehors ne ressemble pas à une bonne journée.

L'espace, noir, infiniment et démentiellement vaste.
Il devrait y avoir droit devant une petite planète rose et ses trois lunes, et des gens dessus qui m'attendent.
Il n'y a rien de ça.
Il y a le noir, mais zébré d'éclairs bleus. Et chaque éclair révèle à la place du vide un enchevêtrement de fils, de plaques, de formes allongées striées et percées, entrecoupées d'autres structures longiformes, métaliques.
Un éclair plus long et plus puissant illumine la scène, et je vois la colossale, la gigantesque masse de métal bouger dans toutes les directions.
Là-bas, devant le vaisseau, une petite sphère rose disparait sous des milliards de tentacules gris qui l'enveloppent, la piquent, la traversent.

Un bruit sourd, un grattement, un bras articulé apparait rampant sur le hublot dehors.
Mon corps est maintenant soumis en permanence aux chocs, mais ils ne sont plus douloureux.
Le tentacule s'arque et son extremité appuie sur le quartz artificiel. Je ne le vois pas ni ne l'entend, mais je sens la force qu'il déploie et je sais que le quartz ne résistera pas.

Au moment où il cède, là où je devrais mourir instantanément, ma tête s'incline sous une volonté qui n'est pas mienne et je vois pendant une seconde mon corps immobile.

Mon corps de métal.

Je ne meurs pas. Je ne mourrai plus.
Je n'arrive pas à crier.''
___________



Peace ...of wire...



6 commentaires:

Nathalie C. a dit...

Ouf! Puissant texte!
Et que dire du tableau; j'adore ses couleurs et ses vibrations...

Marina Kowalsky a dit...

J'ADORE!! TEXTE ET TABLEAU.

Anonyme a dit...

125$ Le blues me guette
C.M.

Renata a dit...

WOW !!!

Anonyme a dit...

Yess Merci

C.M.

Jean-Louis Courteau a dit...

Le blues t'a eu Conrad!
MERCI!